Famille Prudent Tétreault et Zoé Fontaine

Prudent Tétreault, arrière-arrière-petit-fils de Louis Tétreau, premier Tétreault venu de France en Nouvelle-France, a vu le jour à Beloeil le 25 mai 1811. Il était le fils de Prudent Tétreault et Rosalie Beaudry. Le 19 janvier 1836, il épouse Zoé Fontaine, fille d'Augustin Fontaine et Agathe Poulin, à St-Hyacinthe. De cette union naissent huit enfants. Tout comme son père Prudent et son arrière-grand-père Joseph-Marie, Prudent est cultivateur.

Après leur mariage, Prudent et Zoé s'installent sur une terre du 9e rang de St-Dominique qui verra naître leurs quatre aînés : Marie-Zoé, Joseph, Israël et Éloi. Ils vendent cette terre de quarante arpents en 1844 pour venir s'installer sur le lot numéro deux du 8e rang du canton de Milton. Il s'agit d'une terre inculte de cent acres sur laquelle Prudent construit une maison en bois, pièces sur pièces, où naîtront leurs quatre derniers enfants : Charles, Flavien, Magloire et Elzéar.

Cette véritable maison de colon existe toujours aujourd'hui au 897, Petit 8e rang. Prudent, Zoé et leurs enfants seront parmi les premières familles à élire domicile sur le futur territoire de Saint-Valérien-de-Milton. Jour après jour, Prudent défriche sa terre pour la cultiver afin qu'elle les nourrisse, lui et les siens. En 1861, la moitié de cette terre est en culture et le recensement indique qu'il possède plus de cent minots de seigle, cinquante d'avoine, quinze de sarrasin et quatre-vingt minots de pommes de terre. Le reste de sa terre étant boisée, nous savons que Prudent « faisait les sucres » puisqu'il a en réserve plus de mille livres de sucre d'érable. Sur sa petite ferme, il possède 4 bouvillons, une vache laitière, un cheval et un poulain, deux moutons et cinq porcs qui valent, au total, 304 dollars.

Prudent est aussi engagé à sa paroisse : il se rend au Conseil municipal, prend part à plusieurs discussions et travaille énormément à l'entretien des chemins. Il est aussi marguillier de la Fabrique avant même l'arrivée d'un prêtre résident. Il sera aussi commissaire d'école dans le premier conseil scolaire de Saint-Valérien.


En 1860, Prudent caresse le rêve de devenir riche. En effet, le premier décembre, il vent à la Société des Mines de Saint-Jude le droit exclusif d'extraire le minerai sur une partie du lot no 2 du 8e rang. La compagnie se fait prometteuse : la redevance pour notre Prudent est de un huitième des revenus de la mine. Lorsque les travaux débutent, le père se hâte d'écrire à son fils Joseph, parti travailler vers Notre-Dame-des-Bois, lui disant de revenir bien vite puisque la fortune est là pour eux et tous leurs petits descendants. Un trou de mine existe encore sur cette terre mais la fortune ne vint jamais au rendez-vous et, comme le dira plus tard son petit-fils, Hormidas Tétreault : « Ce trou aura au moins servi à amasser de l'eau pour les animaux ! ». Mais l'histoire ne finit pas là. Fort de ses rêves, les contrats notariés montrent qu'en 1861 et 1862 Prudent hypothèque lourdement sa terre du 8e rang. Quelques années plus tard, en 1868, Prudent doit laisser sa terre à Georges-Edmond Beaudry qui la rachète pour paiement de dettes. Naïveté, innocence ou imprudence ? En 1860, comment ne pas rêver alors qu'on trime dur, jour après jour, pour se tailler ne serait-ce qu'une petite place au soleil ? Prudent et Zoé, ainsi que leur trois plus jeunes fils, encore adolescents, iront vivre dans la Grande-Ligne chez leur fils Joseph, marié à Célina Cusson.

Prudent décède à Saint-Valérien le 2 juillet 1893. Son épouse, Zoé, décède deux ans plus tard, soit le 26 novembre 1895, également à St-Valérien.

Texte tiré du livre "150e de Saint-Valérien-de-Milton, 1856-2006"